Pour ce dimanche 25/07, dernier jour du Heiva, nous voilà au marae Arahurahu de Paea pour assister à une reconstitution inédite (voir fin de l'article)...
Au programme : une reconstitution historique sur le thème des Arioi regroupant 200 danseurs, danseuses, musiciens, chanteurs...Prestation artistique assurée par la troupe O Tahiti e, dirigée par Marguerite Lai assistée par Tavana Salmon.
Le marae, lieu de culte ancestrale, est merveilleusement décoré et va, comme d'antan, résonné de la musique, des chants et des cérémonies...
Les pierres le composant, riches du mana des anciens, vont revivre par cette reconstitution le plus magique de la culture Polynésienne.
Nous nous installons sous le soleil cuisant pendant au moins une heure... Eh oui, il faut attendre l'arrivée des officiels et ils se font attendre.
Au passage nous croisons Miss Heiva 2010.
Le soleil lentement tombe derrière la montagne, le silence s'installe.
Les musiciens derrières leurs percussions commencent à frapper avec vigueur les instruments.
Les acteurs, dans une longue procession, entre sur le marae : le roi, la reine, les danseuses...
Au rythme de la musique, des couleurs, de l'investissement dans les rôles donnés par tous, le moment devient magique.
La famille sous cette chaleur tropicale a froid... nous avons tous la chaire de poule !
La reconstitution enchaîne les coutumes sur ce lieux de culte datant du 17-18° siècle : le kava, les offrandes aux dieux...
Le tout sous les chants polyphoniques et instruments à percussions,
Les danses rendent gloire aux divinités,
Périodiquement, la musique s'arrête, seul reste dans le silence le bruissement des feuilles habillant les vahinés. Le tout au rythme de leurs hanches.
Voilà que nous avons encore froid, la chaire de poule nous reprend...
Le spectacle et sa magie opèrent: nous sommes dorénavant loin....très loin !
Sans nul doute un des plus beau spectacle que nous ayons eu la chance de voir et les mots manquent, comme souvent, pour décrire toute la beauté, magie, de ces moments si précieux.
En attendant un camescope, voici quelques extraits offerts par d'autres spectateurs (bon voyage !) :
Pour mieux comprendre cette reconstitution :
Vaka Arioi
Un Vaka Arioi accoste sur les rives de Paea. La confrérie des Arioi de Raiatea débarque à Tahiti pour honorer le Arii Nui (Chef) de Tahiti et lui offrir les plumes rouges qui orneront le Maro Ura (ceinture rouge) signe distinctif réservé à la plus haute autorité.
Ils ont navigué depuis Raiatea, l'île sacrée qui a vu naître la caste d'artistes nomades, talentueux parmi les talentueux dans les arts du divertissement et de la fête, libres de toute attache et de toute subordination à l'ordre très hiérarchisé de la société tahitienne d'alors.
Sur leur marae (temple à ciel ouvert) flottant, au nom du dieu des récoltes, ils voguent d'île en île pour réjouir les populations lors des grands rites annuels.
Ils dansent l'amour et la joie, ils invoquent l'abondance et la fertilité, ils excellent dans les jeux martiaux et l'habileté physique, ils parodient le pouvoir et ses symboles. Ils sont indispensables au bon fonctionnement de la société et sont hautement estimés. En offrant de prestigieux présents et le meilleur de leur art, ils espèrent attirer les faveurs du Arii Nui afin de promouvoir la cause de la confrérie Arioi et voir ses rangs croître en nombre.
La cérémonie débute par l'entrée solennelle du Arii Nui et de sa cour. Puis, le Tahua Nui (grand prêtre) invoque la présence des dieux. La préparation des racines de 'Ava soutenue par un Himene Tarava (chant polyphonique) prennent part au rite. Les offrandes de nourriture que les Arioi ont emporté dans leur pirogue sont déposées avant que les précieuses plumes rouges de Vini Ura (perroquet rouge) destinées à la ceinture Maro Ura soient présentées au dignitaire avec les marques du plus haut respect. Puis les festivités et la démonstration de l'art scénique des Arioi de Raiatea et de leurs hôtes prennent place pour célébrer le temps de la rencontre.
L'ordre des Arioi :
Les récits relatent que l'ordre des Arioi trouve son origine à Raiatea, à Taputapuatea au XVIe siècle, sous l'impulsion de Tamatoa 1er, qui fut le premier Arioi et fondateur de la confrérie. Celle-ci s'est développée uniquement dans les îles de la société, jusqu'à représenter 25% de la population, hommes et femmes, mais seule une élite atteignait le plus haut rang dans l'ordre, qui comptait huit grades. Chaque confrérie locale était dirigée par un Arioi Nui homme et une Arioi Nui femme ; chacun d'eux étant chargé respectivement des groupes masculin et féminin. Tous deux portaient un tatouage qui remplissait d'encre leurs deux jambes et leur conférait ainsi le statut /grade de "Avae parai".
Quand ils se déplaçaient d'une île à l'autre, ils naviguaient sur des flottilles de pirogues aussi somptueux que celles de la royauté. Le passage des Arioi dans les villages correspondait au lever des pléiades "Matarii i ni'a", au début de la saison d'abondance "Tau Auhune" ou des grands rites annuels. Leurs danses pouvaient aussi être destinées aux défunts pour leur permettre d'atteindre Rohutu No'ano'a. C'est pour cela qu'il faut voir dans leurs danses bien plus que de simples divertissements mais de véritables rites avec une dimension religieuse.
Sources :
- Tahiti aux temps anciens, Teuira Henry
- Les dépouilles de dieux, Alain Babadzan.